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Coup de pouce et délibérations : la cuisine des notes du bac 2020 - Le Parisien

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Ce mardi, les 740 601 candidats au bac connaîtront le verdict des collantes. Même percutée par la crise sanitaire, cette édition 2020 sans copie et sans examen, dont les résultats ne se fondent que sur les notes de contrôle continu, ne sera pas sans suspense : une partie des élèves pourraient avoir l'heureuse surprise de se découvrir des moyennes supérieures, in fine, à celles figurant dans leurs bulletins de notes.

Les connaisseurs des arcanes du système s'attendent à ce que les résultats se situent au-dessus des scores habituellement obtenus début juillet, avant les oraux du rattrapage. En 2019, 77,7 % des candidats (toutes filières confondues) ont obtenu le diplôme lors des résultats « du premier groupe ». Après le rattrapage, ils étaient 88 % à le décrocher - dont neuf candidats sur dix dans la voie générale.

« Ne t'inquiète pas trop », rassurait un proviseur, mi-mai, face à un élève aux bulletins en théorie trop ternes pour échapper aux oraux de repêchage. En pratique, il pourrait décrocher son bachot du premier coup. Le miracle porte un nom : commissions d'harmonisation.

Des doses de bienveillance différentes

Ces instances, qui viennent d'achever leurs travaux, s'assurent chaque année de l'équité entre les candidats, en redorant les copies corrigées plus sèchement que la moyenne, ou en gratifiant les bons candidats des points manquants pour atteindre 10/20 ou une mention. Un travail cette année plus central que jamais : jusqu'en mars, les profs ont évalué leurs élèves sans savoir que leurs verdicts compteraient directement pour le bac. Mais l'épidémie de Covid, le confinement, et la quasi-fermeture des lycées sont passés par là. Dans ces circonstances, les jurys sont chargés en quelque sorte d'adapter les notes à l'examen, tout en gommant les écarts entre lycées plus ou moins sévères.

Coup de pouce et délibérations : la cuisine des notes du bac 2020

Mais à ce jeu, les jurys ont fait leur « cuisine » avec des doses parfois bien différentes de bienveillance. « Dans mon jury, on s'était fixés de mettre jusqu'à 20 points de plus (sur 700) aux candidats, mais parmi mes collègues, certains se sont limités à 10 points, d'autres à 30… » soupire Myriam, membre d'un jury de Terminale L en Ile-de-France, qui n'en revient toujours pas d'avoir « donné la mention Assez bien à un élève qui avait 11,4/20, simplement parce que sur son livret, ses profs le trouvent sympathique et qu'il participe au club théâtre… On a joué la hausse à tout prix. »

Un autre aspect hérisse une partie des jurys : bien que des règles communes aient été édictées pour l'harmonisation, certains établissements ont choisi de prendre les devants… en gonflant eux-mêmes, et en douce, les résultats.

Gros coups de pouces pour certains

Nicolas, professeur d'histoire géographie de l'académie de Versailles a ainsi vu passer « des moyennes de classe à 19/20 en anglais, ou 16/20 en histoire ». Du jamais-vu pour l'enseignant, qui y voit le sceau de la triche. « Dans mon lycée, on n'a pas changé les scores », peste-t-il. Et de concéder : « Il n'est pas anormal de remonter des notes, car il est évident qu'on note plus sévèrement au cours de l'année que pour le bac. Le problème, c'est que certains élèves ont bénéficié de gros coups de pouces, et pas d'autres. »

Amélie, enseignante d'anglais dans l'académie de Nice, affirme qu'un grand lycée public de sa région « est passé de 11/20 de moyenne au bac l'an dernier, à 14/20 ». Les membres du sous-jury qui travaillait à côté d'elle « ont constaté un décalage entre les notes inscrites sur le livret scolaire et celles entrées dans le logiciel Lotanet », utilisé pour le bac.

Alors que le ministère de l'Education nationale balayait d'un revers de main il y a trois semaines l'existence de ces dérives, le directeur général de l'Enseignement scolaire, Edouard Geffray, admet que « des questions très ponctuelles » sur le sujet ont été posées à l'administration ces derniers jours. « Dans ce cas, il faut ouvrir les dossiers, et remettre les notes de départ pour faire le travail de délibération », recommande-t-il.

La consigne n'est pas arrivée jusqu'à Nicolas : « les jurys sont là pour relever les notes, pas les baisser », a-t-il compris. Christine, dans l'académie de Paris, qui suspecte 3 des 13 lycées examinés dans son jury d'avoir gonflé à l'hélium les notes des candidats, a été invitée par le président du jury à signaler les cas suspects. « Je ne l'ai pas fait, car je ne me sentais pas apte, en termes de critères et de légitimité, à désigner de la triche. » Myriam, en revanche, « a réajusté par le bas » certaines notes, leur enlevant « entre 10 % et 15 % ».

« On assiste à cela de manière un peu impuissante, commente Hubert Salaün, président de l'association des parents d'élèves PEEP. Si des établissements ont décidé de donner le bac, ce n'est pas un service rendu aux élèves pour la suite de leurs études. » Mais c'est peut-être un service rendu à l'institution elle-même : en pleine réforme du lycée, dans laquelle tout - matières, classes, programmes - change l'an prochain, « personne n'a intérêt à ce qu'il y ait des redoublants, confie Myriam. Ce sera le casse-tête chinois de recaser dans le nouveau système ceux qui ont connu le bac ancien régime. »




July 05, 2020 at 10:24PM
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